La colo: une école de la vie

21/04/2010 21:25

Quand j'avais 13 ans, j'étais partie en colo de voile, et planche à voile en Corse. J'en garde un souvenir assez précis, car il y avait une fille, là bas, qui se prenait pour une extra terrestre, et nous, à nos âges, on flippait en se demandant si par hasard, elle n'avait pas raison.

Elle était vraiment spéciale cette fille, elle léchait les plats en faisant la vaisselle, ce qui avait le don de nous dégouter!!

Comme on dormait sous de grandes tentes équipées de lits à étage en toile, nous l'avions mis en bas car elle faisait encore pipi au lit à son âge.

Et puis,cette première colo. ça a été une expérience de confrontation avec les jeunes " de la ville" pour nous, petites filles de la campagne. On hallucinait devant des gars qui fumaient la clope à 10 ans, qui faisaient le mur pour aller se prendre des cuites... on n'avait jamais vu ça de notre vie! Avec ça, ils avaient un langage de charetiers!

Y'avait des tours de bouffe, de plonge, de ménage, on devait s'inscrire pour chaque corvée, j'dois dire que des fois, ça prennait la tête de devoir éplucher les patates pour une 20 aine de personnes!

Heureusement que nous étions bien encadrés, par des monos qui avaient de l'expérience et l'âge de raison... je dirais qu'ils avaient à peu près19 ans, il se passait des histoires pas possibles entre eux, dont nous étions tous au courant, bien-sûr, ça alimentait les potins de savoir qui couchait avec qui et de faire des pronostics pour la suite des événements!

Et puis, les monos, on peut dire qu'ils nous apprenaient de belles choses: on faisait des colliers en perles à nos heures perdues et le soir, on s'asseyait tous autour d'un feu de camp, et on écoutait Alain qui, avec sa guitare, nous interprétait du Renaud, et en particulier "la jeune fille du métro", dont je me souviens encore des paroles... :

C'était une jeune fille simple et bonne
Qui demandait rien à personne
Un soir dans l'métro, y avait presse
Un jeune homme osa, je l'confesse
Lui passer la main ... Sur les ch'veux
Comme elle était gentille, elle s'approcha un peu.

Mais comme elle craignait pour ses robes
A ses attaques elle se dérobe
Sentant quelqu'chose qui la chatouille
Derrière son dos elle tripatouille
Et tombe sur une belle paire ... De gants
Que l'jeune homme, à la main, tenait négligemment.

En voyant l'émoi d'la d'moiselle
Il s'approcha un p'tit peu d'elle
Et comme en chaque homme, tout de suite
S'éveille le démon qui l'habite
Le jeune lui sorti ... Sa carte
Et lui dit j'm'appelle Jules, et j'habite rue Descartes.

L'métro continue son voyage
Elle se dit c'jeune homme n'est pas sage
Je sens quelque chose de pointu
Qui d'un air ferme et convaincu
Cherche à pénétrer ... Dans mon cœur
Ah qu'il est doux d'aimer, quel frisson de bonheur.

Ainsi à Paris, quand on s'aime
On peut se le dire sans problème
Peu importe le véhicule
N'ayons pas peur du ridicule
Dites lui simplement ... Je t'en prie
Viens donc à la maison manger des spaghettis.

Autant dire qu'on s'amusait beaucoup à compléter les paroles telles qu'elles sont sous-entendues!

Ahhh, mais la colo, ça reste quand même un super souvenir. J'en ai fait d'autres par suite, et toujours, au retour, les larmes de quitter tout ça, " on garde contact, on se le jure"!!

Et le sentiment d'avoir grandi.