Dernières nouvelles de la montagne

11/06/2023 22:28

Nos vacances sont tout sauf reposantes. Nous avons la pression car il faut que pour fin mai l'extérieur du gîte soit potable, que dis-je? Il faudrait qu'il soit nickel pour que nos premiers visiteurs soient enchantés et nous fâssent de la bonne pub.

L'ennui c'est que l'on est en surmenage et que personnellement, je traverse une période où je suis hyper fragile émotionnellement. Il faut dire aussi que les ennuis continuent... Depuis le mois de septembre 2022, on enchaîne les emmerdes et les galères. Là, on a le bob cat qui a définitivement rendu l'âme alors qu'on en avait encore besoin, et on a attrapé le covid, de nouveau en plein pendant les vacances. C'est dur dur d'avancer dans cet état.

Pendant que Mr Lo chariait 1,5 tonnes de broyat de bois pour l'étendre sur nos plantations, j'ai huilé tout le coin terrasse.

J'ai fait ce travail en pleurant parce que je pensais tout le temps à ma tante, que mes soeurs et moi adorions. Elle était en train de partir dans une grande souffrance liée à la maladie de parkinson et j'étais à ses côtés par la pensée, à tout moment. Avec ce fichu covid entre nos murs je ne pouvais pas venir sur place, à 700km de là.

Elle est décédée à l'aube de ses 87 ans (son anniversaire était une semaine après). Malgré la souffrance et la maladie elle n'était pas prête à nous quitter. Son état s'est dégradé très rapidement, alors qu'elle était à fond dans toutes les activités que proposait la maison de retraite. D'ailleurs, beaucoup de membres du personnel l'ont pleuré aussi. Elle m'avait encore dit au téléphone, même pas une semaine avant son décès, qu'elle se battrait. Je sais qu'elle aurait voulu continuer à pouvoir tricoter tranquillement et à faire des belottes avec les résidents de son Ehpad, parce qu'elle avait encore toute sa tête et qu'elle était heureuse avec de petits riens. Mais quand on ne peut plus s'alimenter à cause de la maladie, et que la souffrance vous rattrape...

Tous les souvenirs d'elle me reviennent sans cesse et j'ai continué à pleurer pendant de nombreux jours en me disant que je lui serai éternellement reconnaissante de tout le temps qu'elle a pris pour nous, pour mes soeurs et moi lorsque nous étions enfants, pour Mr Lo et moi quand, avec mon oncle, elle répondait présente pour venir filer un coup de main sur nos chantiers, quand elle s'occupait de nos enfants.

Je garderai le souvenir inébranlable de ses 4 quarts, et de ses magnifiques créations en patchwork, de son dévouement, de sa joie et de sa gentillesse. C'était quelqu'un d'important dans nos vies.

Mon oncle, se retrouvant seul à 93 ans, en fauteuil roulant, croit qu'il va pouvoir rentrer chez lui (il était venu à l'ehpad pour suivre ma tante qui avait besoin d'un service médicalisé (dans sa tête uniquement pour cela), et parce que tout seul il ne pouvait plus se débrouiller. Dans sa tête, il est toujours le même, il n'arrive pas à admettre que son corps est celui d'un vieillard et que par moments il n'a plus toute sa tête. D'ailleurs, il voudrait trouver une 2CV pour pouvoir aller se balader.

C'est dur de vieillir, et c'est dur de mourir. Voilà la période, où, dans l'ordre des choses, nous allons perdre des êtres chers avec qui on a passé beaucoup de temps. Et après, ce sera notre tour. Psychologiquement, c'est aussi quelque chose qu'il faut encaisser.

Alors que nous montions aux obsèques, notre voiture nous a fait une panne aléatoire, histoire de pimenter un peu plus notre venue en Ardèche. On a cru ne jamais arriver.

Quand je suis revenue au travail après ce deuil difficile, une de mes élèves a dû affronter la mort de sa maman sauvagement assassinée à l'arme blanche par son ex- conjoint, ce qui, là, n'est pas dans l'ordre des choses. Cette nouvelle a fini de me mettre dans un état psychologique très fragile. Il y a un jour où, mes élèves étant super pénibles consciemment parce que c'était leur dernier cours de l'année (clairement ils avaient décidé de fêter ça en faisant les imbéciles pour m'atteindre), j'ai littéralement "pété un plomb" en balançant leurs copies à travers la salle en leur disant "ça y est! vous êtes contents!!??? vous me faites littéralement craquer!!!!". Suite à quoi certains sont venus s'excuser à la fin de l'heure. Merci.

Tout cela, c'est sans compter la pluie qui tombe depuis près de 15 jours presque sans répit, et le froid qui s'est abattu sur la région et nous demande de chauffer la maison chaque jour alors que l'on est à la fin du mois de mai. Alors l'herbe pousse et il faut aussi tout entretenir, débroussailler, avant que nos premiers visiteurs n'arrivent, la semaine prochaine.

Nous nous étions quand- même réservé le week-end de l'ascension pour pouvoir partir faire du canyoning en sierra de Guara, au soleil, afin de remonter un peu la pente et prendre quelques jours de détente. Mais, au moment où nous partions, le camion plein, tout ayant été préparé organisé, la courroie a lâché. Retour à la maison. Fin du week-end détente. Et le camping car a été déposé chez le garagiste.

Alors, en se levant chaque matin, maintenant, on se demande un peu quelle sera la galère du jour. Et c'est pas la joie. Mais malgré tout, on continue de bosser comme des fous pour que notre projet voit le jour. Nous sommes quasiment prêts pour recevoir nos premiers vacanciers, en espérant que de ce côté-ci, tout se passera bien, que nous n'aurons pas de mauvaises expériences, et nos locataires non plus. Mais au moins, nous faisons tout pour que leur séjour soit parfait.

Nous avons déjà des réservations, pas mal, même.