Kawah Ijen, sensationnel!

Après Pemuteran et le snorkeling, nous avons pris le ferry direction Banuywangi à Java, sur lequel nous avons rencontré notre compagnon de voyage pour quelques jours, l'aventurier allemand Philip. Rien que le paysage sur le ferry nous annonçait la couleur de ce qui se profilait pour nous: la vue sur le gunung Raung en éruption, avec sa fumée épaisse sortant du cratère.

Nous nous sommes entendus avec Philip pour prendre un bémo en commun pour aller à un hôtel, non réservé, que nous avions repéré sur le Lonely Planet.

C'est ainsi que nous sommes arrivés à L'Hôtel BARU, et que nous avons vécu notre première expérience d'insalubrité à Java. Pourtant, nous avions pris une chambre VIP ... qui, vous l'aurez compris, n'a de VIP que le nom! Fort heureusement, nous partions en excursion au Kawah Ijen à minuit 30, et nous n'y avons que très peu dormi, juste le temps de recharger les batteries 2 ou 3 heures. Et encore... avec boules Quies pour ne pas entendre les rats galoper et couiner dans le plafond!!

Quand nous nous sommes levés à minuit, c'est Philip qui nous a dit qu'il était effaré d'avoir vu, sur son lit, des punaises de lit! il était complètement hystérique pour en avoir déjà ramené chez lui d'un de ses nombreux voyages, et de n'avoir jamais pu s'en débarrasser au point de déménager. Evidemment, en allant voir notre chambre, nous en avons vu les traces aussi. D'où nos extrêmes précautions lors de notre retour en France pour tout laver et mettre au sèche linge avant de rentrer nos affaires dans la maison. Par la suite nous avons aussi évité de mettre nos sacs à dos sur les lits. Apparemment c'est une règle de base pour le vrai routard habitué aux bêbêtes.

A minuit 30, nous avons pris une jeep avec chauffeur réservée à l'hôtel, avec Philip, Yann, un hollandais que nous allions recroiser de nombreuses fois par la suite, et Quentin, un français vivant au Viêtnam.

C'était 300 000 IDR par personne, non négociables étant donné que (évidemment!!!) nous étions dans les 3 jours fériés de L'Aïd el fitr (et que l'île de Java est à 80% musulmane!).

Eruption du Raung, depuis le cratère du Kawah Ijen au lever du soleil, juillet 2015

Nous avons circulé à peu près 1H, 1H 30, pour arriver sur le parking démarrant le trek montant au cratère. Et, il y avait déjà du monde. Il était 1H30-2H à peu près. 

Nous sommes montés avec les frontales pendant environ 1H -1H30 (ça doit représenter environ 600m de dénivellé positif). Nous sommes marcheurs et nous étions bien équipés avec des chaussures de marches et des frontales éclairant bien. En plus j'étais avec 4 gaillards grands et sportifs. Ca veut dire qu'on n'a pas mis trop de temps , en règle générale il faut peut-être prévoir un peu plus longtemps. Le chemin est facile mais de là à le faire en tongs... bof bof! je dis ça parce que j'ai vu de nombreuses personnes monter ainsi chaussées. Je ne trouve pas ça sérieux!

Nous avions aussi des bonnets pour le sommet où il faisait très froid à cause du vent, et nous avions emporté spécialement de bons blousons polaires étanches.

Vers 3h15 du matin, nous atteignions le sommet, après avoir sué dans la montée ( il vaut mieux monter en Tshirt et mettre les blousons seulement une fois en haut). 

Tout le long de la montée, nous avons assisté à l'éruption du Raung, et aux éclaboussures de lave sortant du cratère non loin. Trop Bien!!!

Aguerrie ou pas, on ne me refera pas, surtout dans mon côté "tête en l'air". En ne voulant pas ralentir le pas des messieurs, j'avais retiré mon pull sur le chemin sans m'arrêter et prendre garde à mon apareil photo passé en bandoulière autour de mon épaule. Et bien sûr, je l'ai paumé sur le chemin.

Alors, tandis que les gars descendaient tous au fond du cratère voir les fumerolles bleues de plus près, je me suis postée sur le bord du chemin à l'arrivée au cratère pour questionner tous les gens arrivants et voir si quelqu'un l'avait vu et me l'avait monté. En Anglais, of course !!! ;)

Je suis tombée sur un guide super sympa qui m'a dit avoir rencontré sur le chemin un autre guide l'ayant trouvé. Il était avec 2 touristes et il avait l'air super sérieux. C'est pour ça que j'en parle (nous sommes montés sans guide). Il leur a fait mettre des masques à gaz en super état pour descendre dans le cratère, leur a fait du feu en haut pour se réchauffer, et leur a fait du café au levé du soleil. Nous l'avons recroisé le lendemain sur le Bromo, l'occasion d'en reparler dans un autre article et de donner ses coordonnées.

J'ai donc retrouvé mon appareil photo, YES!!!

J'ai entamé la descente dans le cratère jusqu'à un certain point d'où je voyais bien les fumerolles bleues, et sans me mettre en danger par rapport aux vapeurs ( CF wikipédia):

"Les vapeurs, dont la composition chimique est caractéristique des volcans de subduction, sont émises à une température d'environ 200 °C et sont principalement composées de dioxyde de soufre, desulfure d'hydrogène et de vapeur d'eau ainsi que d'acide chlorhydrique bien qu'en moindre proportion ce qui leur donne une teinte jaunâtre3. Sortant de terre à l'état gazeux, le soufre se refroidit et passe à l'état liquide avant de se cristalliser rapidement en formant des concrétions dont la couleur va du jaune canari à l'orangé"

Mon homme était déjà en train de remonter, car nous n'avions pas réussi à louer de masques à gaz... tout était fermé à cause de l'AÏD. Et il a trouvé qu'en bas c'était trop dangereux.

Là aussi, j'étais scotchée par l'inconscience des gens qui descendaient au plus près du lac d'acide et des vapeurs toxiques, en tongs sur un chemin glissant, et à peine éclairés!! Aucune conscience de rien.

Philip est resté longtemps en bas sans se protéger, il doit m'envoyer les photos des fumerolles car il en a fait de très belles, mais au retour il a eu extrêmement mal aux yeux, ils étaient brulés. Quand il s'est mis de l'eau dessus ça l'a brûlé encore plus, et ce n'est qu'en les rinçant longtemps qu'il a pu atténuer la douleur. Quand nous avons pris le train quelques heures plus tard, nous sentions fort le souffre alors que nous n'étions que très peu resté dans le cratère, et encore, loin des gaz toxiques...

Il y a aussi le cas de cette blogueuse qui  raconte comment elle a failli mourir dans le cratère du Kawa Ijen...

Bref,  je m'adresse à ceux qui ont pour projet cette magnifique expérience: ça ne coûte pas grand chose d'être prudent: bonnes chaussures, coupe vent et polaire (en haut il ne fait pas chaud), de quoi s'hydrater, masque à gaz obligatoire pour descendre dans le cratère. 

Bon, un oeil sur les fumerolles, photo non prise par moi-même car je n'étais pas assez équipée, mais venant du web:

Dans le cratère du Kawah Ijen, de nuit. Java.

Le lever du soleil sur le Kawah Ijen, c'est l'expérience la plus grandiose de tout le voyage, et c'est quelque chose que l'on ne vit pas plusieurs fois. Vraiment, c'était extraordinaire.

Lever de soleil sur le cratère du Kawah Ijen, Java, 2015

Kawah Ijen 2015

Et je rends hommage aux porteurs de soufre qui travaillent nuit et jour pour quelques copecs. Nous en avons vu peu, car nous y étions pendant les fêtes de l'Aïd et je pense que ça doit être la seule période de congé pour eux. 

Une article sur eux ici.

Il est peut-être judicieux de ne pas gêner leur ascension en les laissant passer sur le chemin , d'être poli avec eux, et de peut-être donner quelques IDR pour les photos prises afin d'alléger un peu leur quotidien... pourquoi ne profiteraient t'ils pas du tourisme alors que celui-ci les empêche de travailler dans des conditions sereines?

Porteur de soufre au Kawah Ijen, juillet 2015