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Ce blog amateur relate notre quotidien dans une maison isolée dans les pyrénées et nos voyages et découvertes. Il est alimenté depuis 2008, ce qui lui confère un caractère vivant et unique.

Une maison en montagne

Paie ton métier pourri

Aujourd'hui j'ai eu 8h de cours, avec 8 classes différentes, entre 8h et 18h.

Ca faisait longtemps que les élèves n'avaient pas été aussi pénibles! Tous! A toutes les heures !

J'en ai bavé (et je ne suis pas la seule).

​​​​​​Beaucoup, beaucoup de bavardages m'ont mis la tête à l'envers. J'ai du prendre un Doliprane à midi, au milieu de ma journée... De peur de na pas tenir jusqu'au soir. Impossible de les faire taire, même pendant que moi je parlais ce qui est vraiment dur à vivre, mais hélas tellement habituel pour eux.

J'ai passé une grande partie de mon temps à expliquer des consignes que personne n' écoutait et donc à les répéter autant de fois qu'il y avait d'élèves, j'ai eu environ 120 élèves devant moi dans la journée.

J'ai eu je ne sais combien d'insultes entre élèves "enculé", "ta gueule", "connard" et j'en passe. Des rapports sont tombés, des mots aux parents.

J'ai eu aussi du chahut dans le couloir et obligation d'intervenir. Des élèves, plein d'élèves qui se levaient sans autorisation pour aller chercher des poux aux autres, en pleine classe, et certains qui se sont apostrophés carrément par les fenêtres.

J'ai prêté au moins 20 fois des crayons à papier, des gommes, des feutres noirs. J'ai eu au moins 10 jets de projectiles, quelques fois avec violence, j'ai distribué des punitions. J'ai vu au moins 5 ou 6 téléphones par classe, j'en ai confisqué quelques uns. J'ai des élèves qui voulaient prendre des médicaments pendant la classe (c'est interdit), une élève qui a voulu sortir de la classe pour pleurer sur des problèmes personnels, une qui avait trop mal à la tête et qui a dormi sur la table sans vouloir faire son travail, des élèves qui ne voulaient pas travailler et qui râlaient, d'autres qui voulaient sortir avant que ça n'ait sonné, une qui a continué à parler au téléphone alors même qu'elle était entrée en classe, un certain nombre qui dissimulaient leurs écouteurs sous leurs cheveux et que j'ai attrapé en train d'écouter de la musique en douce.

J'ai eu environ 5 ou 6 élèves qui ont séché mon cours, la même chose en retards (motifs des retards: sans excuse, sieste, etc).  J'ai exclu un élève qui était tordu de rire, en pleine activité de prise de notes sur un documentaire, debout devant toute la classe, retourné, gorge déployée. J'ai eu en retour une observation transmise par le délégué élève ayant accompagné cet élève, comme quoi il fallait que j'exclue stratégiquement les élèves de la classe car il n'y avait pas beaucoup de place à la vie scolaire.... réflexion qui est très mal passée de mon côté, parce que j'estime que l'on n'a pas à me dire par le biais d'un élève qu'en gros, il vaut mieux éviter les exclusions. Cela me met, moi, le prof, complètement en porte à faux vis à vis de ma classe. En plus, on ne ne fait que ça de la journée, essayer d'éviter les exclusions en supportant le pire et en se laissant déborder de tous les côtés parce qu'on sait que de toute façon, on se le fera reprocher au lieu de nous aider à obtenir le calme. Aujourd'hui, c'est le monde à l'envers, voyez- vous, les élèves viennent voir leur prof pour lui montrer leur copie et lui dire : "c'est quoi cette note que vous m'avez mis??". Et oui, c'est comme ça maintenant, toute puissance leur est donnée, alors pourquoi se gêneraient- ils?? Et nous, nous en bavons, nous sommes devenus les harcelés, nous devons tout supporter sur nos petites épaules.

J'ai ramassé quasiment autant de travaux que j'ai eu d'élèves, ce qui vient s'ajouter à ceux ramassés les autres jours de la semaine, ce qui fait que j'ai environ 200 copies et dossiers à corriger ce week-end (en même temps hier, je suis allée me balader au lieu de bosser alors voilà !). J'ai dû répondre à une centaine de questions et marcher 10 km dans le lycée.

J'ai une élève qui s'est caché derrière une porte pour me hurler dessus au moment où je passais dans le couloir "pour me faire peur", ce qui ne m'a pas effrayé et ne m'a pas non plus du tout amusé vu la journée que j'étais en train de me farcir avec tous ces énervés. Je lui ai signifié qu'il fallait un peu de retenue quand on avait à faire à un professeur, qu'on devait avoir quelques filtres quand on était élève... Mais là, j'avoue que cela me laisse vraiment perplexe, d'oser faire ça à son professeur... A l'âge de 16 ans... 

On s'est montré agressif avec moi et on m'a dit "je m'en bats les couilles". Et j'ai même eu droit à un cours de chants occitans dans la salle à côté de 17h à 18h ce qui a fini de m'achever.

​​​​​​Et tout ça, il a fallu le gérer avec calme et professionnalisme, recul et bienveillance. Avec tout ce qui se passe dans une journée c'est littéralement impossible de faire des rapports et de mettre des punitions pour chaque fait  et qui n'est pas en accord avec le règlement du cours. Alors on fait comme on peut. On réprimande, on punit, on confisque, on explique, on ne lâche rien. Mais on n'est pas vraiment soutenus, et c'est là où le bas blesse.

Je dis "on" parce que pendant ce temps, MR Lo s'est fait littéralement insulter "il me casse les couilles le prof", et ce par un élève qui venait juste faire un mini stage d'intégration dans le lycée (j'espère qu'après ça il.ne sera pas pris!). Il a fait un rapport d'exclusion dont il n'a jamais eu de nouvelles. Pendant ce temps, un autre élève qui lui fait les pires misères depuis le début de l'année (on va passer les détails, la liste est trop longue), l'a fait craquer, et il lui a dit " tu fais exprès d'écrire comme un cochon juste pour me provoquer". Ce dernier est allé se plaindre d'être dénigré par son professeur auprès de la vie scolaire qui, au lieu de lui dire "oui mais il va vraiment falloir te calmer si tu veux que tout entre dans l'ordre", lui a demandé de faire un rapport, oui, vous avez bien lu, un rapport sur son enseignant. Et là, Mr Lo a été directement convoqué dans le bureau du chef d'établissement pour rendre des comptes. Voilà comment ça se passe dans notre établissement. Et après on se demande pourquoi nous n'arrivons pas à tenir nos élèves. Mr Lo, n'étant pas quelqu'un qu'on écrase, ne s'est pas laissé faire et a bien expliqué ce qui se passait dans les cours avec cet élève, qui finalement a été convoqué et remis en place. Cependant, c'est la première fois que des adultes demandent de faire un rapport sur leur collègue (de plus de 25 ans d'expérience)  à un élève, et là, ça commence vraiment à être grave.

Et ma collègue a craqué et a dit aux élèves qu'elle ne pouvait plus les supporter... on n'en peut plus, voyez-vous.

Ce soir, comme tous les jeudis soirs, je suis séchée. 

Paie ton métier pourri
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M
Il y a plusieurs métiers comme ça où c'est devenu difficile de donner de soi, à cause du non respect, de la violence, des insultes, etc..... Etre professeur aujourd'hui c'est surement comme marcher sur un champs de mines suivant l'endroit, l'âge des jeunes ! Bravo pour votre patience en tout cas. <br /> Mais vous savez que, aussi bizarre et anormal que ça paraisse, il n'y a pas que chez les élèves que nous retrouvons un comportement aussi perturbé et agaçant, ou même violent. J'ai fait toute ma carrière en milieu hospitalier, dont les 30 dernières années dans un standard de 7 hôpitaux. Nous étions un petit groupe à gérer tout ça, 13 agents en tout. On avait des pauses bien définies, 10 mns le matin et pareil l'après-midi. Et seul car il fallait toujours un maximum de personnes à répondre au téléphone. Nous recevions entre 7000 et 9000 appels par jour. Alors sans compter les usagers agressifs parce que l'on avait pas pris leur appel suffisamment vite....Les vulgaires, en général des hommes, contents d'avoir en ligne une gentille interlocutrice et fier de nous sortir des grossièretés en tout genre..... Ceux qui nous prenait pour des psys et vidaient leur sac alors que nous avions en attente une trentaines d'appels..... Heureusement parmi tout ça il y avait les gentils, attentionnés, reconnaissants. Une personne comme ça et j'oubliais tous les autres, Je devais prendre environs 700 appels dans une journée, et la tête le soir me faisait souffrir aussi. Avec des vertiges par moment. Mais en plus il y avait des clans parmi mes collègues, une responsable qui ne faisait pas son travail, et c'était devenu une jungle. Certaines prenaient plusieurs pauses dans la journée sans même demander ni regarder s'il y avait suffisamment de monde pour bosser....L'une, même pas titulaire, commande les autres, une personne malsaine qui plus est, et la responsable laisse faire. il n'y a plus de discipline, comme dans certaines classes et pourtant ce sont des adultes, des parents et même des grands-parents. Alors là je me dis que si des adultes ne savent pas comment se tenir au travail, comment leurs enfants sauraient se tenir pendant les cours ! je suis à la retraite depuis presque 2 ans, et même si j'ai échappé à beaucoup de ces "défaillances" parce que j'ai toujours été un peu dans mon monde à moi comme disaient mes parents.... je suis heureuse et je donne mon énergie maintenant à mes proches, mes enfants et mes petits-enfants et mes amis. <br /> Je vous souhaite de trouver un peu de sérénité dans votre travail, bon courage !
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L
Merci de votre soutien et de votre partage d'expérience! Et oui... dans chaque métier il y a de la pénibilité, et c'est bien pour ça que ce n'est tout bonnement pas possible de continuer comme ça jusqu'à 64 ans minimum, 67 ans pour avoir une retraite entière... et bientôt minimum 65 puis 66... :-( profitez bien maintenant /-D