Etape 9 Oman: Ras al Hadd

Publié le 9 Décembre 2018

Au petit matin, après que la chaleur humide m'ait empêché de dormir une bonne partie de la nuit et que je me soies levée, toute moite, dès les premières lueurs de l'aube pour me balader sur la plage, les dromadaires, au nombre de 6, sont repassés derrière la tente, clopin clopant et mâchouillant.

Aux sugar dunes, il semble coutumier, d'après mes lectures, de se réveiller dans une brume côtière due à l'humidité ambiante. C'est pas super facile pour ranger la tente, rien n'est vraiment sec dans nos affaires, et heureusement, encore, nous avons mis le double toit pour la nuit (par contre il nous a tenu chaud!frown).

Etape 9 Oman: Ras al Hadd
Etape 9 Oman: Ras al Hadd

Le sable, aussi, est tellement fin qu'il s'est incrusté partout, c'est le casse-tête pour replier toutes les affaires en essayant d'en ramener le moins possible pour la nuit suivante. Punaise, c'est la galère, en fait, de dormir sur une plage. (LOL, bien évidemment, je plaisante malgré que ce soit un peu vrai, il y a des problèmes plus graves dans la vie).

Etape 9 Oman: Ras al HaddEtape 9 Oman: Ras al Hadd

On arrive quand-même à décamper avant le débarquement des militaires, qui, par ailleurs, nous ont donné quelques suées la veille au soir, puisqu'ils sont établis un peu plus loin et qu'ils ont fait des essais d'explosions plutôt flippants. Imaginez... seuls au Monde, perdus à Oman ( une frontière avec le Yemen, quand-même!) au milieu d'un régiment de militaires, et des explosions plutôt violentes à quelques pas... nous voyions aussi les lueurs! Bref. On est des aventuriers ou on n'en n'est pas! On est resté confiant mais on était au spectacle, je peux vous dire!.

Etape 9 Oman: Ras al Hadd

Mr Lo insiste pour prendre une piste qui coupe pour remonter sur la route, au lieu de passer par la ferme aux poissons comme indiqué dans le Oman off Road:- Mais non, qu'il me dit, tu vois bien que ça ne craint rien, les militaires ont retracé la piste.

Ben bingo, les militaires, ils ont retracé la piste de la ferme aux poissons, et pas la nôtre. Je dois rappeler aussi que nous n'avons pas dégonflé nos pneus, la veille, car pas trouvé de compresseur... Après, pour faire ce que nous avons fait jusqu'à présent, il n'y en a pas vraiment besoin.

Donc, nous vivons un grand moment de solitude en circulant durant environ 14km sur du sable complètement mou, appelé sabkha, sans adhérence, sans pouvoir s'arrêter et en gardant une allure convenable pour ne pas nous ensabler. Imaginez-nous, si nous nous plantons, en plein milieu d'un débarquement militaire qui, d'après les soldats de la veille, pourrait faire très peur aux enfants car des balles seront tirées, il y aura des explosions, des navires, des blindés... 

Bon, Mr lo étant un très bon conducteur, il nous tire de ce mauvais pas sans problème autre, mais, une fois sur la piste en dur, nous tombons sur un camion complètement planté sur le bas côté, et le chauffeur, zen, qui attend la grue qui doit venir le sortir de ce mauvais pas.

Maisons partculières et batiment militaire omanaisMaisons partculières et batiment militaire omanais
Maisons partculières et batiment militaire omanaisMaisons partculières et batiment militaire omanais

Maisons partculières et batiment militaire omanais

Finalement, dans l'optique de remonter sur Mahut (dire aussi Mahoot), il est plus rapide de rebrousser chemin sur la piste par laquelle nous sommes arrivés la veille que de faire comme nous avons fait, rejoindre la route 32 en continuant par le sud. C'est très long, nous n'en voyons pas le bout.

A noter qu'à Mahut il y a plusieurs hôtels, dont des récents avec wifi, et qu'il doit être facile de se loger autrement qu'en camping sauvage en passant la nuit dans cette ville ( Il n'y a pas foule dans les hôtels à Oman, donc même sans réservation préalable, pas de problème). Mahut est très animée, et il y a de nombreux coffee-shop.

Bidonvilles de pêcheurs, sur la route côtière qui remonte et longe le wahibaBidonvilles de pêcheurs, sur la route côtière qui remonte et longe le wahiba
Bidonvilles de pêcheurs, sur la route côtière qui remonte et longe le wahibaBidonvilles de pêcheurs, sur la route côtière qui remonte et longe le wahiba

Bidonvilles de pêcheurs, sur la route côtière qui remonte et longe le wahiba

Nous n'allons pas du côté de Bar al Hikman/Filim (en restant deux nuits sur place, je pense que c'est peut-être plus faisable, mais nous, nous avons axé notre roadtrip autour de sorties canyoning multiples puisqu'il fallait faire des choix et nous n'avons pas vraiment le temps. Mais je conseille, peut-être, quitte à venir jusque là, de rester un peu ou de continuer l'aventure sur l'ile de Masirah, totalement sauvage... se renseigner sur le prix de la traversée en ferry- environ 75 euros pour deux avec la voiture si j'en crois certains forums).

Petits ports de pêche et falaises "aux dauphins"Petits ports de pêche et falaises "aux dauphins"
Petits ports de pêche et falaises "aux dauphins"Petits ports de pêche et falaises "aux dauphins"

Petits ports de pêche et falaises "aux dauphins"

Le long de la route côtière défilent un certain nombre de villages de pêcheurs, ou plutôt, devrais-je dire, de bidonvilles, en alternance avec des dunes, parfois pétrifiées. La région à l'air pauvre et si les bédouins du jebel Sham avaient la clim dans leurs maisons en haut de la montagne, il n'en a pas l'air de même dans les cabanes en tôle que nous dépassons. Les bédouins pêcheurs du coin, du reste, partent vivre dans des oasis l'été, pour y cueillir des dattes en travail saisonnier. L'hiver, ils pêchent à bord des fameuses boutres (dhows) traditionnelles. 

Le paysage est désertique pendant un bon bout de temps, et jusqu'à Al Ashkharah, il n'y a pas grand monde. En sortant des wahiba sands (il y a des pistes qui sortent un peu partout du désert), il est possible de regonfler les pneus dans un village appelé Kowimah (station service, eau), à 35km de la sortie en direction du nord. En allant vers le sud, il faudra attendre Mahut (c'est plus loin), ou alors l'embarcadère de l'île de Masirah.

Nous n'arrivons pas à repérer la piste qui va à la dune pétrifiée de As Ruways, , mais après Ashkharah (joli port traditionnel), nous ne ratons pas les falaises de Ras al Khabbah, desquelles nous avons la chance d'apercevoir en contrebas, sur la plage, des traces de tortues venues pondre, et de joyeux dauphins sautant par ci, par là.

Ras al hadd guesthouseRas al hadd guesthouse

Ras al hadd guesthouse

Nous arrivons avant la nuit à Ras al jinz/ras al Hadd. Nous allons faire un tour sur les pistes de la réserve, pour évaluer la possibilité d'y camper, sans pour autant aller jusqu'au bout. Il est sans doute possible de le faire sans problème en haut des falaises, tant que ce n'est pas sur la plage. Mais il fait chaud et cela nous convient moyennement de se percher là.

La reserve de Ras al Jinz est un espace naturel dédié à la protection des tortues marines, qui ont élu les plages du coin pour venir pondre durant tout l'été, surtout, et un peu toute l'année, sinon. La volonté est également de canaliser le tourisme autour de ce phénomène. Il est possible, soit de dormir sur place dans des bunkers aménagés sans fenêtre à proximité de la plage pour ne pas désorienter les tortues, soit de venir faire des sorties-observation de la ponte

Nous continuons jusqu'au village, car j'ai dans l'idée de peut-être suivre les conseils d'arcodep et d'aller camper pas loin de la plage aux tortues de Ras al Hadd. Cependant, nous abandonnons cet éventualité une fois rendus sur place, car c'est très très près du village (ça ne se fait pas trop de camper près des habitations), il est stipulé partout par de grands panneaux que le camping est interdit, il y a même des barrières, et du reste, nous avons eu très chaud la nuit précédente, nous avons encore très chaud, et nous sommes moyennement motivés pour nous coller encore une fois du sable partout.

Alors c'est dans la piscine la Ras al Hadd Guesthouse que nous atterrissons! (ah les aventuriers! je vous jure! ;-)

Ca n'était pas réservé d'avance, comme la plupart des endroits où nous sommes passés auparavant,  et nous négocions une chambre pour à 20 rials la nuit, dans laquelle on nous rajoute un matelas par terre pour le quatrième d'entre nous. Bon prix, nous sommes contents. Il faut néanmoins payer la piscine en plus (je ne sais plus combien c'était pour nous 4 mais pas cher), et nous prenons les petits déjeuners, à 2 ou 2,5 rials par personne, il me semble (un peu cher par contre).

Cette guesthouse est dans un endroit complètement improbable car construite sur la piste d'un ancien aéroport. Et c'est par cette piste qu'on y accède. Nous avons un peu honte de trimballer tout notre bardas dans l'hôtel (nous en laissons une partie dans la voiture tout de même mais bon, le coffre est rempli jusqu'au toit, entre les matelas, et tout le bazar dont on a besoin en camping), ça ne fait pas très classe... hum. Et nous sentons la transpiration et le feu de bois...

Bref, la première chose que je fais, c'est de me prendre une bonne douche, avant de repartir pour de nouvelles aventures, même si on prend des douches aussi quand nous campons, grâce à notre douche solaire ( qui sert beaucoup, d'ailleurs, car je fais aussi la vaisselle avec).

Nids et traces tortues sur la plage
Nids et traces tortues sur la plage

Nids et traces tortues sur la plage

Une balade sur les plages environnantes nous indique la présence de tortues, des cratères énormes et de jolies traces bien caractéristiques. 

Cependant, sur de très grands panneaux à l'entrée de toutes les plages des environs, et à l'entrée de la réserve de Ras al Jinz, il est indiqué de manière très claire l'interdiction d'aller dans ces endroits entre 18h et 5h du matin, que ce soit pour y camper, pour se balader, ou pour rouler (les omanais roulent beaucoup sur les plages, et hélas, interdiction ou pas...).

Bébés tortues désorientés, au petit matinBébés tortues désorientés, au petit matinBébés tortues désorientés, au petit matin

Bébés tortues désorientés, au petit matin

Je ne voulais pas aller observer les tortues dans la réserve, pour avoir étudié la question avec les différents avis publiés dessus. J'avais un à priori négatif après avoir lu que c'était un peu l'usine et que ça dérangeait tout de même les tortues. Mais certains ont un avis différent. Et il est clair que c'est quand-même mieux de canaliser le tourisme dans cet endroit. En septembre/ octobre/ novembre, en tout cas, il est quasi certain de voir des tortues, et donc ça peut valoir le coup de passer par la réserve pour le faire.

Vu mon à priori négatif et la sensation qu'on faisait de l'argent sans vraiment protéger les bestioles dans cette réserve, on s'était dit qu'on essaierait d'y aller comme ça, tranquillement, avec des lumières rouges, et en étant le plus discret possible.

 

Etape 9 Oman: Ras al Hadd
Etape 9 Oman: Ras al Hadd
Etape 9 Oman: Ras al Hadd
Etape 9 Oman: Ras al Hadd

C'est difficile de conseiller de faire comme nous, mais si votre attitude est consciente et éclairée, il suffit de respecter un certain nombre de consignes que je vais vous donner ci-dessous:

Il est mieux d'aller voir les tortues en se levant tôt le matin (4h), évitez d'y aller soir, car ça les perturbe dans leur recherche d'un endroit pour pondre. Elles sont sans doute moins dérangées à l'aube, après la ponte, et en plus, on peut bénéficier de la venue progressive du jour pour essayer de photographier les retardataires (car la nuit, bien-sûr, pas de flash!). Ne pas les encercler car c'est très stressant pour elles, rester derrière elles à distance raisonnable. Ne pas parler, rester calme. Ne pas toucher ...

La nuit, sachez que les petites tortues juste sorties du nid sont complètement désorientées par la lumière blanche et que si elles se dirigent vers la terre au lieu de trouver la mer, elles sont vouées à une mort certaine.  Donc aucune lumière, juste la lune pour éclairer, et on ne s'approche pas des plages en voiture (avec les phares...). C'est vraiment très important, car il y a des dizaines de bébés qui sortent de chaque nid, et s'ils se dirigent tous mal à cause des diverses lumières, c'est la catastrophe.

Le patron de la Ras al hadd guesthouse lui-même récupère les petites tortues qui viennent s'échouer contre son hôtel éclairé tous les soirs, pour aller les mettre dans l'eau au petit matin... et nous passons une bonne partie de la soirée, après notre repas dans un coffee-shop très bien conseillé par l'Hôtel, à faire du sauvetage bébés tortues trouvés échoués ici ou là, et certains omanais sont à l'oeuvre aussi dans le village (je sais, faut pas les toucher, mais bon, là c'était dur de faire autrement!). Il faut dire qu'il n' y a pas de lune ce soir-là...

Nous pouvons observer une tortue cherchant son nid, en soirée, avec juste à côté l'éclosion d'un nid où tous les bébés sont désorientés totalement malgré l'absence de lumière, elle râle de nous voir, nous faisons vite fait demi-tour pour laisser tranquille tout ce petit monde. 

Si nous nous sommes bien comporté de notre côté,il serait bien d'éduquer les villageois au respect des tortues, car si certains les récoltent pour les remettre à la mer et font attention, d'autres ont une attitude complètement aberrante! Je ne rentrerait pas dans les détails, mais... 

Traces de l'activité de la nuit, lors d'une balade sur la plage, à 5h du matin
Traces de l'activité de la nuit, lors d'une balade sur la plage, à 5h du matin
Traces de l'activité de la nuit, lors d'une balade sur la plage, à 5h du matin

Traces de l'activité de la nuit, lors d'une balade sur la plage, à 5h du matin

Au petit matin, nous arrivons trop tard, elles sont toutes sont reparties à la mer, mais tant pis, il y a des traces sur toute la plage de l'activité débordante de la nuit, quelques bébés sont encore désorientés par ci par là. C'est tout aussi enrichissant de ne voir que ces magnifiques traces, finalement: dernière alternative possible avec respect total des tortues ;-)

Par ici l'étape précédente

(wadi bani khalid et wahiba sands)

Par ici l'étape suivante (Wadi shab, wadi Tiwi)

 Trouvez la carte intéractive Ici

Etape 9 Oman: Ras al Hadd

Rédigé par Loukoum

Publié dans #Oman 2018

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