« Celui qui ouvre une porte d’école ferme une prison ».
Publié le 21 Avril 2009
Cette phrase de Victor Hugo n'est plus vraiment d'actualité.
L'Ecole est aujourd'hui considére comme un service public (non rentable), alors qu'au temps de Victor Hugo, elle était considérée comme une institution. L'instituteur d'autrefois, référence intellectuelle et morale de la République laïque, était un personnage respecté ; désormais il (ou plutot elle...) est devenu(e) l'employé dévalorisé d'une garderie où les parents déposent leur progéniture avec comme "mission de service public" de combler les lacunes de la famille et de faire réussir tous les élèves comme on fait arriver des trains à l'heure. C'est la dure réalité...
Sur ma route quand je vais au travail, je passe dans un village, et dans ce village, il y a une école sur laquelle figure une banderole indiquant qu'à la rentrée 2009 elle va fermer.
Une de plus...
Je me dis que la politique locale des maires n'y est pas étrangère, quand on voit qu'ils ne favorisent en rien l'arrivée de familles avec des enfants, et que quand elles sont là, ils ne font rien non plus pour qu'elles se sentent à l'aise.
Résultat: moins d'élèves une année, et c'est la fermeture. On n'y va plus par quatre chemins!
A l'école où va mon fils, les maitresses se battent pour défendre le bien fondé de la maternelle, dans laquelle, j'affirme avec elles qu'elle n'est pas une « simple garderie qui confond éducation et enseignement » (julien Dazay, dans "il faut fermer les écoles maternelles").
Mes enfants sont allés dans une école maternelle publique à l'âge de 2 ans et demi. Et ils y ont appris ce que l'on n'apprend pas en crèche ou en halte-garderie: l'autonomie. Ils se sont familiarisés avec des régles de vie en groupe, ont fait un travail énorme au niveau des apprentissages (que ce soit au niveau du graphisme, de la mémoire, de l'éveil corporel...) encadrés par du personnel compétent et dévoué qui ne comptait pas ses heures, et à qui je tire mon chapeau.
Je plains les futurs enfants (et leurs parents) qui n'auront plus d'autre choix que d'aller dans des structures payantes jusqu'à 5 ans, je plains les employés de ces structures, qui n'auront que le droit d'accepter de travailler dans la précarité et dans des objectifs de rentabilité plutôt que pédagogiques.
Je plains aussi mes propres enfants, qui vont subir un enseignement désuet et rébarbatif (nouveaux programmes du primaire). Néanmoins j'espère tout de même qu'ils vont réussir, car sinon, ils vont finir en apprentissage chez un patron qui pourra les exploiter autant qu'il le souhaite: puisque les lycées professionnels et techniques sont en train de disparaitre à petit feu (et oui, ça ne sert à rien de dépenser de l'argent pour former des gens de niveau social défavorisé, et même, moins il en savent, mieux c'est pas vrai? celui qui ne pense pas ne se rebelle pas).
De nos jours, on ouvre les prisons, et on ferme les écoles en faisant croire aux gens que c'est pour le bien de tous. C'est le résultat d'une politique ignorante, fondée sur l'argent et la répression.
Ca me donne envie de vomir...